C'est l'histoire d'une fille qui vit dans une grande ville de France. En plein centre ville. Pas Paris mais une grande ville. Cette fille, donc, a des habitudes de fille-de-la-ville bien ancrées. Cette fille aime le monde, le bruit, la vie, avoir 1000 choses a faire sous la main même si elle n'en fait que deux en réalité. Cette fille habite dans un immeuble et ne sait pas dormir quand elle n'entend pas son voisin du dessus marcher sur son plancher. C'est pour dire... L'ennui n'existe pas en ville. Toujours un pote à voir, toujours un verre à boire, une expo à voir, un magasin ouvert... Cette fille ne s'arrête jamais. C'est son médecin qui l'y oblige une fois l'an. Elle adore plus que tout cette proximité de tout et l'immédiateté des choses.Tout sous la main, tout de suite !
A trois pas depuis sa porte, elle dit bonjour à sa voisine/pote qui l'invite à boire l'apero. A picoler, oui, vous avez raison, ne jouez donc pas sur les mots. Plus loin, elle claque la bise au patron du pub d'en bas, devenu ami et jamais avare de compliments sur sa tenue. A peine plus loin, elle aime entrer dans cette vieille boutique tenu par de beaux jeunes hommes et regarder chaque article, tout en sachant qu'elle n'achètera rien. Juste pour le plaisir des yeux. Et au bout de la rue, le centre ville, ses boutiques de fringues qu'elle harpente chaque semaine avec les copines, histoire d'avoir un prétexte pour faire le debrief de la semaine. Elle fréquente aussi les supermarchés, là où il y a toujours du monde. Des vieux, des jeunes, des beaux, des cons, des moches, des pressés, des cool.... Elle prétend détester faire ses courses et pourtant, elle ne manque jamais une semaine.
Elle connait tous les secrets de sa ville et peut conseiller n'importe qui aurait besoin de quoique ce soit et l'orienter vers le meilleur endroit de la ville. Essayez donc pour voir ! Le soir venu, le boulot entériné, elle se plaît à participer à l'agitation nocturne qui fait la renommée de sa ville. Elle s'ennivre légèrement ou beaucoup, ça dépend des soirs... tant qu'elle est entourée, vous savez... Elle a ses lieux de prédilection comme cette salle de concert, ce bar à cocktails, ce club latino. Elle profite également des espaces verts au moindre rayon de soleil, là oú on n'entend presque plus les bruits des voitures mais un peu quand même sinon c'est angoissant. Elle aime cette effervescence perpétuelle de la ville. C'est comme ça !
Figurez-vous ca y est ? Vous etes figurés? que cette fille est partie en vacances, vivre une expérience inhabituelle. Elle est partie à la campagne ! Je vous vois vous gosser derrière votre écran. Cessez donc ! Cette fille part souvent se ressourcer dans des petits coins de Normandie ou du Sud de la France mais elle parvient toujours à remplacer une expo par la visite d'une abbaye, le shopping en écumant les boutiques de souvenirs, les supermarchés par les marchés aux 1000 couleurs et senteurs et les sorties nocturnes par un verre à la paillote de la plage ! Mais là, non ! Rien n'était possible. La campagne. Point.
Une maison, des champs, des moutons et rien. Le genre d'expérience qui vous change une femme. Cette fille a très mal dormi la première nuit. Et les 3 suivantes aussi d'ailleurs.Il n'y avait pas de voisin du dessus. Dehors, les animaux de la nuit offraient aux vacanciers un concert des moins rassurants. Dans la vieille bicoque, tout était humide. Il fallait à cette ville de longues minutes pour ne plus avoir froid. Les araignées et les insectes ornaient les murs. Elle n'allait pas dormir, c'était certain...
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Mais elle est où, cette boulangerie, putain ??!
Au petit-déjeuner, cette fille tentait de se persuader que la campagne c'était pas si mal. D'ailleurs, rien que le fait de prendre son petit déjeuner dehors faisait vibrer la jeune fille. Elle ne se souvenait même plus de la dernière fois oùça lui était arrivé. Le temps était au beau fixe, elle allait pouvoir prendre des couleurs, et narguer tous les gens qui n'étaient pas en vacances cette semaine là. Et puis, ça sentait bon dehors. Les fleurs. Et ce silence... C'est vrai ça ! Aucune voiture. Aucun rodéo en scooter. Que des mouches qui bzzz, des branches qui craquent et ses propres bruits de bouche.
Une séance de bronzage dans l'herbe, un running dans les champs, une promenade aux alentours à faire des bouquets de fleurs sauvages et 30 pages de bouquin plus tard, il lui fallait une activité. Seulement que faire quand il n'y a rien à faire ?
On y était. Cette fille, la citadine, angoissait. Elle ne savait que faire et se retrouvait face à une situation qu'elle connaissait peu : l'ennui. Il a fallu à la jeune femme 4 ou 5 jours pour que son corps se détende, que son esprit fasse le vide, qu'elle cesse de penser à ses collègues et qu'elle profite de chaque instant. Trouver du plaisir dans le rien-faire n'est pas chose simple.
Alors, évidemment, cette fille tentait de tromper l'ennui avec quelques activités passionnantes : enlever les poils récalcitrants à la pince àépiler, rompre le silence environnant avec la musique, jouer aux mikado avec des branches... Quoiqu'il en soit, elle appréciait de plus en plus le calme, les instants nature, la douceur de vivre... On prend plus de temps à se détendre, plus de temps à réfléchir posément, plus de temps à ne pa courir à droite et à gauche...et on consomme plus d'essence.
Elle s'est pris une claque au moment où ses amis avaient terminé la bouteille de vin et qu'elle décidait d'aller en acheter une autre. A 22 heures. Ils riaient. Elle avait compris qu'elle avait gardé ses habitudes de la ville et qu'ici, là où les vieillards se regroupaient loin du chahut urbain, il serait très étonnant de trouver un paki ouvert.
Elle s'est pris une claque quand elle a dû prendre sa voiture pour aller chercher du pain. Ca ne lui était jamais arrivé. JAMAIS.
Elle s'est pris une claque quand elle a réalisé que dans sa valise, elle n'avait que des sandales compensées, peu pratiques pour marcher sur les chemins de la campagne.
Mais elle a aussi été surprise d'oser sortir acheter le pain en pyjama sans être maquillée et que les seuls vieillards témoins de la scène avaient plus l'air ébahis de croiser une tite femme à cette époque de l'année que de constater qu'elle n'était pas maquillée. D'ailleurs, elle a été aussi suprise de délaisser son apparence le temps du séjour. Mal coiffée, peau libre, fringuée à la cool... On gagne du temps. Même si cette semaine elle n'en manquait pas.
Elle a été surprise d'avoir écouté des heures durant les histoires fantasques d'un vieillard du village passé leur dire bonjour sans même se lasser.
Evidemment, tout n'était pas simple. Devoir cohabiter avec une araignée dans la douche, rester calme quand les millions de papillons de nuit se posaient sur elle, sursauter au moindre bruit provenant des buissons, découvrir que les scarabés volent et peuvent vous foncer dessus... Mais elle a pris sur elle !
Avec ses amis, ils ont voulu sortir. Voir des jeunes. Faire la fête. Ils ont pris la voiture. Ont enfilé les kilomètres de route à la recherche d'un club ou même d'un bar qui pourrait fermer après 23h30, heure de la fin de leur repas. Ils ont bien trouvé le No Angel, qui semblait être à l'abandon total ou le Sun beach, même pas en bord de plage mais qui ne servait plus à leur arrivée. Cette fille et ses amis ont appris avec le temps à apprécier leurs petits apéros à domicile, à jouer aux cartes des heures durant et à refaire le monde parmi les papillons de nuit.
Toute la semaine, elle se rongeait les ongles de n'avoir de la 4G qu'au milieu du champs en face, le bras levé. Elle allait raté tout Facebook, tout Twitter, tout Instagram. La fin du monde, en somme ! Pas tant que ça... Les trois derniers jours, elle ne pensait même plus à regarder son téléphone, ne s'inquitait pas de savoir qui avait bien pu penser à elle cette journée et oubliait même d'en recharger la batterie. Grande première ! Elle s'était désintoxifiée de tout !
Enfin tout... Presque tout. Parce que faut bien avouer que les vacances entre amis, ça vous fait oublier un rééquilibraque alimentaire. Mais c'est pas bien grave. C'est pas tous les jours les vacances. La viande grillée, les salades multicolores, les fromages au barbec, les sauces, les apéros à n'importe qu'elle heure de la journée.... C'était Pantagruelique ! Au final, elle n'en avait que faire...
Quand a sonné le retour des vacances, cette fille n'était pas très heureuse : cela annonçait le retour au boulot. Dans sa tête, elle pensait déjàà son petit chez elle qui ne tombait pas en ruine, une douche sans cohabitation, des toilettes propres... Purement matériel, en somme ! Après de longues heures de route, il pleuvait dans sa ville. Elle réalisait qu'elle avait quitté le soleil. La tranquillité. La détente. La nature.
Elle se faisait agressé par les bruits, les odeurs, les gens qu'elle appréciait pourtant avant. Il lui a fallu 2 ou 3 heures avant de reprendre ses marques. De raconter ses folles péripéties de citadine à la campagne. Et de souffler avec nostalgie comme si c'était déjà loin. Trop loin.
*Photo Amélie Mariell